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Retour sur le voyage d’études des BTS GF 1 A dans l’Allier

Du 20 au 22 novembre derniers, les étudiants de BTS GF (Gestion Forestière) de première année étaient en voyage d’études dans l’Allier, en forêt de Tronçais. Visite de la Scierie Bourdier de Lurcy-Levis, de la Réserve Biologique Dirigée de la Forêt Domaniale de Tronçais, rencontre avec des professionnels du CNPF d’Auvergne-Rhône Alpes et de l’ONF, étaient notamment au programme.

Lundi 20 novembre, la Lurcy-Levis, les étudiants de BTS GF 1A se sont rendus à la Scierie-Merranderie Bourdier où ils ont été accueillis par le Directeur des Achats, M. Guillaume Djafri.

Visite de la scierie Bourdier, spécialisée dans le négoce de grumes et plots en chêne, la fabrication de plots, de merrains, d’avivés et de charpentes en chêne

Après avoir présenté son parcours de formation, M. Djafri présente cette scierie familiale. La septième génération Bourdier est aux commandes de cette unité de transformation créée en 1847 et spécialisée dans le chêne de qualité.

Les produits principaux réalisés sont le plot et le merrain. La scierie s’approvisionne dans les grands massifs de production de chêne, dans l’Allier.

Chaque année, environ 10 000 mètres cubes de bois sont travaillés par la scierie, les deux tiers en plots (grumes de chêne découpés en planches d’épaisseurs variables), pour être stockés un certain nombre d’années et le tiers restant est fendu et scié en douelles afin de constituer les éléments des tonneaux. Une vingtaine de personne travaille sur le site.

Le responsable préciser aux étudiants que depuis septembre 2023, les marchés chutent et les affaires commerciales ont tendance à ralentir, du fait des taux d’emprunt et des difficultés liées au contexte économique actuel. C’est à souligner car cela arrive après deux années de hausse des marchés (notamment le plot). Cette situation économique est moins marquée pour la merranderie (sauf pour le cognac).

Aussi, pour les plots, la seule solution est de stocker en attendant de satisfaire les clients. Les épaisseurs de ces plots vont de 3 à 15 centimètres.

Explications sur la transformation en produits

Après cette présentation générale, nos étudiants se rendent sur le parc à grumes où Camille Bourdier et Guillaume Djafri réceptionnent le bois, afin de le classer par qualités, défauts, utilisation à venir. Les deux responsables apportent des explications aux étudiants quant aux prix et aux rendements matière de la transformation des produits. Il faut par exemple 5m3 de chêne pour tenter de produire 1m3 de merrains pour la réalisation de douelles de tonneaux haut de gamme.

A la scie, les étudiants assistent au sciage et au découpage des grumes en plots, selon les épaisseurs choisies par l’opérateur.

Les étudiants se rendent ensuite à la merranderie, où les billons de haute qualité de chêne, de 80 à 95 cm de hauteur, sont fendus en quartiers, analysés par les opérateurs (afin de respecter le fil du bois), et sciés, afin de constituer des douelles permettant de constituer et fabriquer un tonneau.

Guillaume Djafri emmène ensuite nos étudiants près des hangars de stockage des plots. Ce stockage permet au bois de se réessuyer, et ce pour une durée de minimale de 12 à 36 mois.

Des filets sont posés pour protéger les sciages des UV, des vents chauds et du soleil.

Visite de la Réserve Biologique Dirigée de la Forêt de Tronçais

Le mardi 21 novembre, les étudiants se sont rendus à la Réserve Biologique Dirigée de Tronçais, avec Sylvain Denizot, animateur nature. Il s’agit de la futaie Colbert. La forêt domaniale de Tronçais est une ancienne forêt royale, domaine privé de l’Etat aujourd’hui, d’une surface de 10 500 hectares avec 83% de chênes sessiles. C’est la 11ème forêt domaniale de France. Il s’agit d’un îlot de sénescence où la biodiversité est présente avec de nombreuses espèces d’insectes et d’invertébrés, qui se développement dans ces milieux préservés de l’intervention de l’homme. Enfin, le groupe se rapproche de la Réserve Biologique Intégrale de Nantigny, créée en 1955 où aucune intervention de l’homme n’est tolérée.

M. Denizot insiste sur l’observation, la complexité du milieu forestier qui associe une multitude de mondes vivants dans des milieux naturels.

L’après-midi, les étudiants sont accueillis près de Veurdre (03), au lieu-dit Taillis de la Baume, à Prégoux, par Jean-Baptiste Reboul, ingénieur au CNPF en Allier/Puy de Dôme, Florian Veron, technicien de secteur, et Thomas Chassagne, stagiaire de BTS GF 2A à l’Ecole Forestière de Meymac.

Les missions au sein du CNPF

M. Reboul présente tout d’abord les missions du CNPF (Centre National de la Propriété Forestière) :

  • développement de la vulgarisation forestière
  • formation à la gestion forestière (FOGEFOR)
  • conseils individuels aux propriétaires forestiers
  •  développement technique (mise en place de marteloscopes, permettant de mesure et mettre en informatique un parcellaire mesuré tous les 4 ans et réactualisé d’un point de vue sanitaire, vitalité, etc.)
  • relationnel avec les différents partenaires

M. Veron apporte quant à lui des précisions sur ses activités, estimant son temps passé sur le terrain à 50%. Il y a de nombreuses instructions pour valider le plan simple de gestion (PSG*) avec des visites d’inspection sur le terrain, avec le souci d’impliquer le propriétaire forestier dans la mise en œuvre de son document de gestion et de sa compréhension.

Parmi ses autres fonctions, celle de Conseiller technique, fiscal et financier afin d’aider les propriétaires forestiers, ainsi qu’une fonction d’animation du CETEF 03 (Centre d’Etudes Techniques et d’Expérimentations Forestières).

Enfin, M. Veron présente sa mission de correspondant observateur DSF (Département Santé des Forêts) pour l’Allier, pour le compte du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire.

Enfin Thomas Chassagne présente le département de l’Allier. L’Allier, ce sont :

  • 123 000 hectares de forêts, ce qui représente 17% de taux de boisement, à 80% privés,
  • 98 000 hectares de forêts feuillues, dont 90% de chênaie,
  • 19 000 propriétaires privés pour 93 000 hectares de forêts privées.

D’un point de vue plus technique, les intervenants rappellent aux étudiants que couper tous les bois si dépérissement serait une erreur. Il faut être vigilant à ne pas planter trop de pins, car ces derniers sont fortement touchés en cas de grêle violente et de chenilles processionnaires. A noter que même certains arbres de sous-étage sont touchés par les fortes chaleurs et le manque d’eau en pluviométrie (600 mm d’eau par an actuellement).

Exercice de diagnostic pour nos étudiants

Les étudiants sont ensuite invités à se répartir en groupes pour réaliser un exercice de diagnostic sylvicole. Le diagnostic représente la base des discussions et de la sylviculture à venir. Des conseils quant aux surfaces terrières sont donnés par nos intervenants, dans des peuplements privés de chênes de plaine :

  • Si < 10, peuplement pauvre
  • Si 10 à 20, une éclaircie n’est pas nécessaire de suite
  • Si >20, peuplement riche.

Enfin, des données chiffrées sur les coûts de reboisement en feuillus sont précisées à nos étudiants.

Fin du voyage d’études en forêt de Tronçais

Pour terminer leur voyage d’études le 22 novembre, les étudiants ont rendez-vous au Rond Gardien, avec Patrice Bardeau-Ferreux, Technicien Forestier Territorial à l’Office National des Forêts, accompagné de deux collègues, Yoann et Hugo.

La Forêt de Tronçais représente 10 532 hectares, en 3 séries :

  • Des chênes menés jusqu’à 250 ans sur 7550 ha
  • Des chênes menés jusqu’à 200 ans sur 2300 ha
  • Des pins sylvestres et laricios sur 570 ha

La Réserve Biologique Diversifiée et la Réserve Biologique Intégrale représentent 112 hectares.

M.  Bardeau-Ferreux présente les données géographiques et climatiques du département. Un focus est réalisé sur le document d’aménagement qui est le document de gestion des forêts domaniales et de collectivités gérées par l’Office National des Forêts.

Nos étudiants s’arrêtent auprès du Chêne Carré, âge de près de 400 ans : c’est une véritable anomalie génétique liée à un chancre, lui conférent une forme carrée sur plus de 3 mètres de haut.

La prochaine étape de la visite se déroule sur une parcelle de chênes faisant l’objet d’une coupe secondaire, ayant subi un relevé de couvert afin de permettre d’apporter de la lumière au sol pour permettre aux glands de germer et de survire avec le temps. La densité actuelle des semenciers est de 180 à 200 arbres à l’hectare, pour aboutir à une centaine avant la coupe définitive de renouvellement. Une belle production de glands, de la lumière au sol et le respect des cloisonnements d’exploitation sont les ingrédients d’une régénération naturelle réussie.

Tout au long de la vie du peuplement, les forestiers vont travailler par le haut, à savoir mettre les houppiers des arbres à distance et faire en sorte que les dominés accompagnent la réussite des arbres dominants. Pour cela, il faut prévoir des cloisonnements d’exploitation à 18 mètres et des cloisonnements de dégagement à 6 mètres (voire 4).

La Forêt de Tronçais, forêt d’exception

M. Bardeau-Ferreux insiste sur la renommée des chênes de Tronçais, forêt d’exception, qui attire de nombreux tonneliers et merrandiers prêts à mettre le prix au m3 pour l’achat de bois magnifiques.

Sur une autre parcelle, les étudiants voient des semis d’une quinzaine d’années (moins de 3 mètres de haut) qui font l’objet de dégagements. L’essence objectif est le chêne, avec des essences d’accompagnement comme les fruitiers forestiers.

Enfin, deux parcelles retiennent l’attention des étudiants :

  • Une plantation de chênes d’environ 35 ans mal conformés (densité initiale de 2500 tiges par hectare)
  • Une régénération naturelle de chênes d’environ 50 ans ayant subi un abattage mécanisé en 2023. Des pieux de bouchots sont à sortir de cette parcelle.

A noter enfin que l’aménagement forestier de Tronçais est mis en veille, du fait de l’existence de nombreux produits accidentels dépérissant (PAD) à cause de fortes chaleurs de ces dernières années.

C’est sur cette parcelle que prend fin le voyage d’études de nos étudiants. Nous tenons à remercier vivement les professionnels qui ont pris le temps de partager leurs connaissances et leur expérience.

*Le Plan simple de gestion (PSG) est un document permettant aux propriétaires forestiers de planifier la gestion de leur forêt en se fixant des objectifs économiques, patrimoniaux ou encore environnementaux, en tenant compte du potentiel et des contraintes existants (source CNPF)

Un compte-rendu de Philippe Ayffre, enseignant d’économie à l’Ecole Forestière de Meymac

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